«Le don d’organes me tient vraiment à cœur»

Flavia Wasserfallen a pris la présidence du conseil de fondation de Swisstransplant en début d’année. La conseillère aux États bernoise PS confie ce qui compte pour elle et évoque son mode de fonctionnement.

Flavia Wasserfallen s’engage pour le don d’organes.

Madame Wasserfallen, quel rapport entretenez-vous avec le don d’organes ?

Le don d’organes touche mon entourage familial proche de manière personnelle. Je suis directement témoin du fait qu’une personne peut continuer à vivre, et à bien vivre, grâce au don d’organes.

Qu’est-ce qui vous a incitée à devenir présidente du conseil de fondation de Swisstransplant ?

Dans le cadre de mon travail parlementaire sur la nouvelle loi sur la transplantation, j’ai fait la connaissance de nombreuses personnes de Swisstransplant dont j’ai pu apprécier l’expertise. Je n’ai pas hésité longtemps lorsque l’on m’a proposé cette fonction. Le don d’organes est très important pour moi.

Quels objectifs concrets poursuivez-vous ?

Swisstransplant jouit d’une très bonne réputation et inspire confiance auprès de la population. Il faut perpétuer cela. De grands défis nous attendent avec la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la transplantation. Nous devons introduire correctement le principe du consentement présumé au sens large afin que le plus grand nombre possible de personnes sur liste d’attente reçoivent un organe. Il est en outre essentiel d’accompagner les innovations et d’assurer des conditions optimales pour le personnel.

Pouvez-vous nous montrer votre carte de donneur ?

Je ne l’ai pas sur moi, en fait. Elle est sur un support à la maison et je l’ai téléchargée dans un dossier électronique du patient (DEP). Mes proches sont également informés. J’ai aussi encouragé quelques amis à consigner leur volonté sur une carte de donneur.

Le don d’organes est un cadeau. Quel est le plus grand cadeau que vous ayez jamais fait ?

Je donne régulièrement mon sang. J’essaie aussi d’être disponible pour mes amies et ma famille, et je m’implique dans les soins de proches parents. Je m’attache à faire tout cela avec une énergie positive.

Quel organe vous plaît le plus, visuellement ?

Les poumons. Ils me font penser à des ailes d’ange.

Avec quel organe avez-vous déjà eu des problèmes ?

Par chance, aucun à ce jour.

Que répondez-vous aux personnes qui considèrent que les dons d’organes et les transplantations sont coûteux pour le système de santé ?

Ce n’est pas vrai, et il est assez facile de le démontrer : chez une personne atteinte d’insuffisance rénale, par exemple, la dialyse est plus coûteuse, sans même parler du fait qu’il s’agit d’un traitement douloureux et difficile. Une transplantation est indiscutablement plus avantageuse sur le plan économique.

Dans quel domaine ne voudriez-vous en aucun cas faire des économies ?

Des aliments locaux, de saison et de qualité... cela ne souffre aucun compromis.

En effet, vous êtes membre fondateur et présidente d’un service de livraison de légumes bio dans la région de Berne. Quel est votre légume préféré ?

Le chou kale ! C’est un super aliment de septembre à février.

Flavia Wasserfallen
« Le but est de sauver plus de vies. »

En tant que co-responsable du comité du OUI, vous avez pris part à la campagne de votation sur la nouvelle loi sur la transplantation. Qu’apporte l’introduction du principe du consentement présumé au sens large ?

Cela soulage les proches dans une situation déjà très éprouvante, le décès d’un être proche. Ne pas connaître sa volonté et devoir prendre une décision conforme à ce que cette personne aurait voulu est en effet une lourde tâche. Nous espérons que la nouvelle réglementation incitera davantage de personnes à se pencher sur la question du don d’organes. Le but est de sauver plus de vies.

Que pensez-vous du fait que le registre « oui »/« non » lié au consentement présumé n’arrivera qu’en 2026 ?

Je me demande pourquoi cela prend tant de temps !

En tant que nouvelle présidente du conseil de fondation, que pouvez-vous faire pour accélérer les choses ?

En tant que membre du Parlement, je peux toujours aborder le thème de l’application de la loi sur la transplantation et faire pression. Et pour ce qui est de Swisstransplant, il est important d’accompagner étroitement la mise en œuvre sur le plan professionnel.

Quelle femme politique ou quel homme politique admirez-vous ?

Des figures comme Ruth Dreifuss et Simonetta Sommaruga m’ont sensibilisée à la politique dans ma jeunesse et m’impressionnent aujourd’hui encore.

À quel membre du Parlement aimeriez-vous offrir une visite guidée de la ville de Berne ?

Berne a une bonne réputation. Mes collègues aiment y venir et me demandent souvent de leur recommander des restaurants. Je serais curieuse de savoir comment le conseiller national zurichois Islam Alijaj, nouvellement élu, vit la ville de Berne en fauteuil roulant.

Quand vous êtes-vous rendue dans un hôpital pour la dernière fois ?

C’était aux urgences, avec mon plus jeune fils qui s’était cassé le bras. Petit intrépide.

Vous êtes parfaitement bilingue grâce à votre mère italienne. Où d’autre votre italianité s’exprime-t-elle encore ?

Il me semble bien que je tiens cette joie de vivre de ma maman.

Qu’est-ce qui vous a été le plus dur, à titre personnel, pendant la pandémie de coronavirus ?

Ne pas pouvoir être physiquement aux côtés de membres proches de ma famille.

Quel est selon vous le plus grand potentiel que recèle la numérisation ?

Un DEP réellement opérationnel. Cela m’agace de devoir remplir des formulaires en me disant que ces données devraient être disponibles. D’importants coûts de coordination pourraient être allégés et de nombreuses erreurs évitées. Le DEP doit impliquer tous les prestataires de soins et ne doit pas se limiter à un simple dépôt.

Flavia Wasserfallen
« Cela m’agace de devoir remplir des formulaires en me disant que ces données devraient être disponibles. »

Où en est la mise en œuvre de l’initiative sur les soins infirmiers ?

Nous sommes en plein dedans. La première étape, l’offensive de formation, est en cours. Pour ce qui est de la deuxième étape, à savoir de meilleures conditions de travail, les cantons et les institutions s’y attellent déjà en partie et le Conseil fédéral mettra en consultation un projet à ce sujet au printemps. Les deux prennent du temps.

La pénurie de personnel soignant a-t-elle un impact sur les dons d’organes et les transplantations ?

Indiscutablement. Nous avons à la fois un rôle d’observateur assidu et de partie prenante, car de très nombreux spécialistes sont impliqués. Nous avons besoin de suffisamment de personnel soignant et de médecins pour pouvoir relever les défis. Quand je pense aux chiffres records de 2023, je pense aussi aux nombreux spécialistes qui ont été et sont encore concernés et sollicités dans leur travail quotidien.

Qu’avez-vous sous-estimé lors de votre campagne électorale pour le Conseil des États ?

J’ai fait un nombre incroyable de déplacements, ce qui m’a certes permis de découvrir de nouveaux coins du canton de Berne, comme en Haute-Argovie ou dans le Jura bernois. Ma candidature a suscité un très grand intérêt et les gens m’ont abordée en faisant preuve d’une réelle ouverture d’esprit, même s’ils n’étaient pas nécessairement du même bord politique que moi. Sortir de ma bulle, découvrir de nouveaux projets de vie et de nouvelles valeurs, voilà ce que j’aimerais continuer à faire. Nous devrions toutes et tous faire preuve de beaucoup plus d’ouverture et nous affranchir de nos réticences.

Flavia Wasserfallen
« Nous devrions toutes et tous faire preuve de beaucoup plus d’ouverture et nous affranchir de nos réticences. »

Vous avez déjà été plusieurs fois pressentie comme candidate au Conseil fédéral. Y songez-vous à nouveau ?

Je me réjouis de ne plus avoir à y réfléchir.

Où puisez-vous l’énergie pour mener de front vos nombreux engagements ?

Je fais le plein d’énergie grâce à mon environnement positif, aux personnes et aux histoires qui m’inspirent, et j’essaie de donner quelque chose en retour. J’ai parfois aussi besoin de me régénérer et de me ressourcer dans la nature ou en faisant du sport.

Dans quels domaines faites-vous des économies d’énergie ?

Ma famille vit sans voiture, nous prenons rarement l’avion, faisons attention à notre alimentation et misons sur des appareils efficaces que nous utilisons avec parcimonie.

En quoi êtes-vous vraiment douée ?

Le snowboard, que j’ai enseigné pendant dix ans dans le Val d’Anniviers. Il n’y a pas grand chose d’aussi plaisant que de faire ses traces dans la poudreuse fraîche.

Votre talon d’Achille ?

Mon impatience, comme le montre ma réponse au registre.

Flavia Wasserfallen vit à Berne avec sa famille, aime danser sur de la musique des années 1980 et fait beaucoup de sport, comme le yoga, le football et le snowboard. Image: Mauro Mellone

Avez-vous un lien de parenté avec le conseiller national Christian Wasserfallen ?

J’ai bien deux frères plus jeunes que moi, mais aucun ne s’appelle Christian. Je n’ai en commun avec lui « que » l’attachement à Berne et à YB.

Qu’est-ce qui vous insupporte ?

Le manque de respect. Je n’aime pas les gens irrespectueux.

Vos coups de cœur ?

Les crooners italiens comme Umberto Tozzi. Les belles marques suisses de bijoux et de vêtements. Et le chocolat, surtout les truffes au champagne, je ne peux pas dire non.

Votre humoriste préféré(e) ?

Mike Müller, Bänz Friedli et Michael Elsener. Mais j’adore surtout le duo romand Vincent et Vincent.

Avec quelle personne célèbre aimeriez-vous partager un repas de midi ?

Avec Jacinda Ardern, l’ancienne Première ministre néo-zélandaise.

Que faites-vous pour que vos enfants ne soient pas constamment accrochés à leur téléphone portable ?

Je suis ravie qu’ils aient des passions et fassent beaucoup de sport. Je n’étais pas aussi mordue à leur âge.

Où allez-vous passer vos vacances cette année ?

Probablement cette année encore au Maroc, d’où est originaire mon beau-père.